Saison de bons crus

Nous pouvons discerner deux périodes dans les salles obscures : l’une quand il y a rien de bon à voir, et une autre, quand il n’y a beaucoup de bonnes sorties et qu’il en devient compliqué de réussir à tout voir. En ce moment, et les prochains mois, nous sommes plus vers la deuxième tendance. Beaucoup de films prometteurs sont actuellement sur nos écrans, ou bien, vont arriver sous peu. Je pense notamment à Bohemian Rapsody, First Man – Le premier homme sur la lune, Sale Temps à l’hôtel El Royal, Les animaux fantastiques – Les crimes de Grindewald, The Little Stranger, Un peuple et son roi, A star is Born, 16 levers de Soleil… Beaucoup de films assez divers, et qui sont prometteurs de bonnes surprises.

Celui dont je vais vous parler aujourd’hui me faisait de l’œil depuis la parution de quelques photos du tournage. En tête d’affiche : Jean Dujardin et Yolande Moreau, aux rênes d’un film social porteur d’un message sur notre société actuelle.

Réussir sa vie serrait d’avoir passé la quarantaine et d’être en peignoir / chaussons d’hôtel ?

Dans ce film s’opposent deux visions de la vie, deux idéologies, deux états d’esprit, au sein d’une même famille. Deux façons de voir les choses qui résument l’état d’une population.

A travers I Feel Good, c’est un discours très social et politique sur notre société actuelle qu’abordent les scénaristes et réalisateurs, Benoît Delépine et Gustave Kervern. Encré dans un univers pauvre, qui est celui d’Emmaüs, mais accès sur l’entraide et la solidarité, nous découvrons le personnage de Monique, une femme au grand coeur, travaillant à Emmaüs telle une maman poule. Débarque sur le parking un homme; auto bronzant raté, peignoir et chausson d’hôtel portés fièrement, un air légèrement hautain, à l’esprit assez fermé et entêté par ses ambitions démesurées qui se résument à devenir riche. Jacques vient ainsi retrouver sa soeur Monique, qu’il n’a pas vu depuis 3 ans, pour mettre à bien l’idée qui le rendra riche.

Ce qui fonctionne bien dans ce film c’est l’opposition entre les deux personnages principaux, interprétés par Jean Dujardin et Yolande Moreau qui portent d’une main de maître le film. Nous avons deux personnages différents dans leur façon de penser, dans leur physique et leur rapport aux autres. Nous avons une empathie qui se créer rapidement pour ces personnages, pour Monique car elle est une belle personne, et pour Jacques car son côté raté/ringard et totalement perdu nous touche. Le duo fonctionne très bien ensemble, mais aussi avec tous les autres personnages qui les entourent.

 

 

Le film est assez trivial dans le sens où l’on nous montre des hommes et des femmes dans leur vie la plus simple, pauvre, loin du combo glamour strass et paillettes. Nous les suivons en pyjama, à l’heure de se brosser les dents avec de la mousse partout, en train de manger tous ensemble, en train de travailler à des taches diverses mais peu vues comme gratifiantes. On nous montre sans chichis et sans “glamourisation” une tranche de la population, une réalité qui est peu connue ainsi.

Un discours social et politique se greffe à cet environnement, mais sans devenir un film qui se contente de dénoncer ou crache sur tel ou tel sujet. Nous avons un ton utilisé qui “allège” le discours, sans lui enlever son importance. Un humour plutôt bien dosé et délicieux vient se glisser dans les dialogues et dans la mise en scène pour nous donner des moments absolument géniaux. Ce décalage entre l’univers / le discours, et ce ton m’a plu car nous ne tombons pas dans un cliché du “film social”, on est dans un tout autre traitement qui m’a beaucoup plu, et qui est tout aussi attachant.

Cette réalité dans l’histoire et l’univers se transcrit également à l’écran où nous avons une image très brute, sobre, où nous ne cherchons pas à glorifier l’image avec un esthétisme de tableau, ou des ambiances très marquées, très stylisées, ici on est dans une image très proche du réel, qui se rapproche de la trivialité dans laquelle on nous montre les personnages. La mise en scène va dans ce sens avec des plans assez “simples” qui mettent en avant les personnages, la narration, et non pas les prouesses d’une dernière grue ou cam, mais très travaillés pour mettre en avant l’environnement, notamment du village Emmaüs. Et j’ai beaucoup apprécié ce point car ainsi nous avons une concordance entre l’histoire, l’image et la mise en scène. Cette image proche de la réalité, m’a amenée plusieurs fois à penser à d’autres films, docu, séries, tel que Entre Nos Mains, ou des épisodes de Strip-Tease (en meilleure qualité il en va de soi). On retrouve cela aussi dans les décors, où nous sommes dans un village Emmaüs avec de la déco pas uniforme, tout aligné, aux couleurs tendances, on est dans une réalité brute.

L’histoire est menée également par de la musique qui vient chapitrer le film, tout comme viennent chapitrer des plans sur des tas d’objets à recycler. La musique comme moteur dans l’évolution de la narration et de ses personnages, qui rassemble et unit ces personnes dans la solidarité.

 

 

Direction l’Est ?

Le film se tient bien et j’ai trouvé que nous ne nous ennuyons pas, jusqu’au moment du voyage dans les pays de l’Est, où l’histoire part un peu trop loin et perd notre attention à mon goût. Nous avons un étirement de la narration à ce moment-là avec des instants de latences où l’on décroche quelque peu. Tout comme l’accident qui arrive un peu de nul part. Cependant, ce dernier permet de mettre en place l’effet comique de la fin, que je ne dévoilerais pas, et qui, pour le coup fonctionne très bien ! Donc sur l’ensemble du film il y a juste un petit quart d’heure qui nous perd un peu, à mon sens, sinon le reste est vraiment bien. Je conseille vivement de voir ce film, pour dans un premier temps son sujet et comment il est traité, et puis pour le jeu d’acteur où nous avons ici Yolande Moreau et Jean Dujardin dans une prouesse de jeu sublime.

 

 

Quel film vous a plut récemment ?

Bécots ! Pauline xxx

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